Quid des déchets ? Collecter pour valoriser

La commission Bibliothèques Vertes de l’Association des Bibliothécaires de France vous propose, à travers le présent billet rédigé par Isabelle Bontemps, de nous intéresser aujourd’hui à ce qui peut faire l’objet d’une gestion éco-responsable des déchets : nous faisons ainsi lumière sur cet enjeu dont les bibliothèques peuvent utilement s’emparer, dans leur fonctionnement interne comme auprès de leurs usagers. Cet article vous parle ainsi de CD et DVD, mais aussi de petites fournitures pour le matériel d’écriture et d’objets aussi variés que des bouchons, piles, brosses à dents, lunettes, soutien-gorge et… mégots !

La totalité des dispositifs présentés ci-après existe en bibliothèque : dans les exemples ainsi donnés au sein de ce billet, les bibliothèques jouent le rôle de collecte (de par leur fréquentation et leur emplacement central) et délèguent ensuite la valorisation à d’autres organismes (tels que ceux listés dans l’article) ; elles exercent ainsi une responsabilité environnementale mais aussi sociale dans le cycle de vie de ces produits, leurs partenaires s’inscrivant dans des démarches motivées par des actions de solidarité, notamment dans le domaine de la santé.

A noter : nous avons fait le choix d’exclure de cette présentation les déchets courants (papier/cartons, plastique, verre, biodéchets…) dont la collecte et le tri doivent être assurés par les services de gestion des déchets de l’établissement ou de la collectivité.

CD et DVD

Le recyclage des CD et DVD, ces supports très présents en bibliothèque, peut être assuré en recourant à une entreprise comme Terracycle, qui propose toutes sortes de « boîtes zéro déchet ». Le principe ? On achète la boîte et on reçoit une étiquette de retour prépayée qui permet de la renvoyer quand elle est pleine, via le site web https://www.boites-zero-dechet.fr.

Un exemple : une boîte zéro déchet pour recycler CD et DVD

A noter : Terracycle propose également des programmes très variés de recyclage qui pourraient également trouver leur place en bibliothèque : badges et tours de cou, cartes en plastique ou encore collants !

Objets courants

Des bibliothèques, parmi lesquelles les bibliothèques universitaires de Lyon 1 et la bibliothèque Lilliad, se positionnent aussi comme un lieu ressource pour le recyclage d’autres objets du quotidien, aussi variés que :

Stylos et autres matériel d’écriture

C’est un classique : nombreux sont les établissements scolaires équipés de bacs de collecte pour les stylos usagés. En effet, jetés dans la poubelle classique, les stylos sont incinérés ou enfouis ; la valorisation ou le réemploi sont donc préférables. A la BU Lyon 1, des étudiants collectent les stylos (plume et bille) / surligneurs / marqueurs / correcteurs (souris, liquide) au profit de l’association Neurofibromatoses et Recklinghausen : celle-ci les vend à une entreprise de recyclage, et l’argent ainsi récolté finance la recherche sur les maladies génétiques ; L’envoi des stylos collectés est pris en charge financièrement par l’association. Lilliad pratique quant à elle une collecte de stylos au profit de l’association les Clowns de l’Espoir, selon un principe similaire de revente à une entreprise de recyclage pour participer au financement d’interventions auprès d’enfants hospitalisés.

Piles & bouchons

Les piles ne doivent pas être jetées aux ordures mais impérativement triées et recyclées dans le cadre d’un circuit spécifique ; les bibliothèques peuvent donc aisément devenir un lieu de collecte pour ce type de déchets très polluants. Il suffit pour cela de contacter COREPILE : cet organisme agréé par l‘Etat, à but non lucratif, met à disposition des conteneurs et se charge de venir récupérer les piles. Si les quantités collectées sont insuffisantes, il faut toutefois se déplacer pour les porter dans un point de collecte type grande surface (ou déchetterie). A noter : en 2022, plus de 80% des piles confiées à COREPILE ont pu être recyclées ou valorisées, ce qui représente environ 5 000 tonnes de métaux récupérés.

En ce qui concerne les bouchons, les lignes bougent : le recyclage du plastique étant désormais parfaitement opérationnel, l’ADEME recommande de laisser les bouchons sur leurs emballages et de les confier au tri. Mais on peut profiter de la collecte des bouchons pour accompagner des projets de solidarité. Par exemple, les associations « Les bouchons de l’espoir » ou « Bouchons d’amour », présentes dans tous les départements, récupèrent les bouchons en plastique, puis les vendent à une entreprise de recyclage local ; cela leur permet de financer du matériel pour des enfants malades ou en situation de handicap. A noter : de nombreuses autres associations assurent également la collecte de bouchons pour financer des projets solidaires ou humanitaires.

Mais aussi… d’autres objets du quotidien

Et si on allait plus loin ? Des bibliothèques mettent aussi en œuvre des collectes d’autres types d’objets usagés appartenant résolument au quotidien humain, comme :

  • La collecte des brosses à dents usagées ! Elles ne sont pas acceptées dans les bacs de tri, et finissent donc le plus souvent incinérées avec les ordures ménagères. Certaines entreprises en assurent pourtant le recyclage, comme Bioseptyl par exemple, qui les transforme en mobilier urbain (ou en paillage si ce sont des brosses à dents en bambou). Il est assez simple de créer un point de collecte : https://www.recycletabrosseadents.com/
  • Une boîte à collecte de vieilles lunettes : si le plus simple pour assurer une seconde vie aux vieilles lunettes (de vue ou solaire) est de les déposer chez un opticien de proximité, qui participe le plus souvent à divers programmes caritatifs et sait à quelle association transmettre ces lunettes pour qu’elles puissent être utiles à d’autres personnes, un dispositif de collecte de lunettes est simple et peu encombrant à mettre en place, et d’expérience peu chronophage (la boîte se remplit très doucement…)
  • Participer à un circuit de seconde main dans le domaine du prêt-à-porter : nous avions relayé dans un précédent billet (à consulter ici) des initiatives autour du réemploi de vêtements portées par des bibliothèques ; le présent billet donne un exemple complémentaire d’un objet vestimentaire courant pour la moitié de la population adolescente et adulte : le soutien-gorge (brassière, maillot de bains…) ! Il est en effet possible de les faire réparer puis de les remettre en circulation dans un circuit de seconde main : après collecte de la lingerie, il suffit alors de la déposer dans un point de collecte ou de l’envoyer par la Poste.Plusieurs entreprises proposent ce type de recyclage, comme AbracadraUpcycling. Cette collecte peut facilement être ponctuelle et couplée avec des animations de sensibilisation dans le domaine de la santé (Octobre rose par exemple).
  • Last but not least, dans les espaces extérieurs : les mégots de cigarette constituent une source importante de pollution environnementale ; or on estime à près de 10 milliards le nombre de mégots de cigarettes jetés chaque année sur la voie publique en France… Les collecter et les valoriser est donc un enjeu majeur (en plus, bien sûr, des recommandations à ne pas / plus fumer). Il existe différentes possibilités pour cela, comme mettre en place des « cendriers de vote », pour encourager à jeter dans le réceptacle ludique plutôt que sur la voie publique.
    • La société Ecomégot (retenue par la ville de Lyon par exemple) propose des cendriers de ce type. Cela présente différents avantages : cette solution permet de faire des actions de sensibilisation et de communication, la collecte est assurée par une entreprise locale de réinsertion, les déchets sont valorisés à 100% et la société fournit des rapports d’impact. Parmi les inconvénients non négligeables figure toutefois le fait que les déchets sont transportés à Bordeaux pour être valorisés, et que cette solution a un coût assez élevé et demande un engagement de 3 ans minimum.
    • D’autres prestataires proposent également des cendriers de vote, qui associent collecte, sondage et recyclage : https://tchaomegot.com ou encore https://me-go.fr
    • Enfin, une collecte simple des mégots, sans l’aspect ludique du vote (qui peut se heurter aux politiques de santé publique), est également possible. C’est ce que propose par exemple l’entreprise Cy-Clope, largement implantée en France, à des tarifs plus raisonnables.

***

Nous espérons que ce partage de pistes et pratiques vertueuses en matière de gestion éco-responsable des déchets avec et dans les bibliothèques vous aura été utile, et nous sommes intéressés par vos retours d’expériences complémentaires : et vous, que collectez-vous dans vos bibliothèques ?

Vos réponses sont les bienvenues en commentaires de ce billet !

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