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« J’peux pas, j’ai aquaponie »

La Commission Bibliothèques Vertes de l’Association des Bibliothèques de France vous propose, à travers le présent billet, un focus sur un concept novateur et original qui a été mis en place à la médiathèque Jacques Prévert de Colombes (Île-de-France, Hauts-de-Seine) : l’installation d’un bassin d’aquaponie. Maryon Le Nagard s’est rapprochée de l’équipe de cette médiathèque pour en savoir plus et nous présenter ce concept ici.

Bien plus qu’un simple apport esthétique, l’initiative offre des avantages éducatifs et environnementaux qui répondent pleinement aux aspirations de l’établissement.

Genèse du projet

La région Île-de-France propose un budget participatif, écologique et solidaire à destination des collectivités, associations copropriété et personnes morales installées en Île-de-France et souhaitant devenir « acteur de l’environnement » (https://www.iledefrance.fr/participer-la-vie-citoyenne/je-participe-la-vie-de-la-region/budget-participatif-ecologique-et-solidaire).

L’équipe de la médiathèque Jacques Prévert avait la volonté d’orienter la structure vers une identité verte. C’est dans ce but que les bibliothécaires ont proposé en 2021 le dispositif « Graines de culture » dans le cadre de ce budget participatif. Le projet était d’acquérir pour la médiathèque un lombricomposteur, un hôtel à insectes, une grainothèque et un bassin d’aquaponie, et de mener un ensemble d’actions culturelles dédiées à la transition écologique sur le réseau des médiathèques de Colombes. C’est l’un des projets qui a récolté le plus de voix, une partie du budget participatif a donc été dédié à sa mise en œuvre. Nous nous intéresserons dans cet article à une partie de ce projet, le bassin d’aquaponie.

Aqua… quoi ?

L’aquaponie, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un « système durable de culture associant l’élevage de poissons à la culture de plantes dans un écosystème fermé.
Les déjections des poissons sont converties en nutriments pour les plantes par des bactéries, et les plantes purifient l’eau pour les poissons.
L’aquaponie permet de maximiser l’utilisation des ressources, de réduire la consommation d’eau, et de produire localement de la nourriture sans pesticides. »
(https://aquapouss.fr/pages/laquaponie-decouvrir-cette-culture-definition-et-avantages)

Mise en œuvre du projet

Il a fallu compter environ 1400€ de budget d’investissement pour un bassin de 0.4m² avec accessoires et billes d’argiles.

Désormais, il faut prévoir un petit budget de fonctionnement (100 à 200€) chaque année pour la nourriture des poissons, les tests pour vérifier la qualité de l’eau, et les éventuels rachats de matériel (épuisette, pompe, thermomètre…)

Trois agents ont été formés à l’aquaponie, pour comprendre le fonctionnement du bassin et être en capacité de déceler un problème. L’entretien du bassin, des plantes et des poissons représente 1 à 2h de travail par semaine : il s’agit en premier lieu d’analyser l’eau en la testant pour s’assurer que le pH est bon (c’est-à-dire que l’eau n’est ni acide, ni alcaline). Cette démarche est indispensable : les agents ont déploré la pertes des premiers poissons acquis pour le bassin, probablement à cause de l’eau rendue trop acide par les billes d’argile des plantes.

Il faut également parfois remettre de l’eau (car elle s’évapore), nourrir les poissons mais aussi s’occuper des plantes, dont certaines variétés demandent plus d’entretien que d’autres. Ainsi, un pied de tomates, qui avait été planté, a finalement été retiré parce que les bibliothécaires ne parvenaient pas à s’en occuper suffisamment (en retirant régulièrement les gourmands, par exemple).

Le bassin d’aquaponie a été installé dans le hall de la bibliothèque, à côté de la banque d’accueil, pour le rendre bien visible et accessible à tous les publics. L’avantage évident est qu’il est remarqué par les visiteurs, qu’il attise la curiosité et provoque des discussions entre bibliothécaires et publics. L’inconvénient, c’est que le bassin des poissons est à la hauteur des enfants qui ont tendance à plonger leurs doigts dedans : l’eau provoque un effet d’attraction ! Certains poissons ont attrapé une maladie due aux bactéries qui ont ainsi été amenées dans l’eau. Il a fallu trouver une solution pour empêcher les visiteurs de toucher l’eau.

Partenariats et médiations

Par un heureux hasard de calendrier, une ferme d’aquaponie (la Ferme Urbaine de Colombes, gérée par la société Nutreets), dont le projet était lancé depuis plusieurs années, s’est ouverte à Colombes au moment où le bassin d’aquaponie de la médiathèque était installé. De même, à Colombes se développe également un éco-lieu : C2mains est une friche éphémère, destinée à préfigurer un équipement ville qui sera dédié à la transition écologique. Beaucoup d’événements autour de l’écologie et du développement durable y sont organisés, et c’est ainsi qu’un bassin d’aquaponie y a également vu le jour. La personne qui s’en occupe, qui est aquariophile (spécialiste des poissons en aquarium), y avait trouvé une technique pour empêcher aux gens de toucher l’eau, grâce à un aquarium posé à l’envers sur le dessus du bassin. Elle a partagé cette idée avec les membres de la médiathèque, qui ont pu mettre en œuvre le même procédé sur leur propre bassin.

Ces deux lieux ressources en aquaponie permettent aux agents de trouver de l’aide en cas de doutes ou question, c’est de cette façon que les bibliothécaires ont pu comprendre que les poissons avaient attrapé une maladie à cause des bactéries amenées dans l’eau par les visiteurs par exemple. Un partenariat entre les différentes structures est en cours.

Un accueil de classe spécial « aquaponie » est proposé aux enseignants, au cours duquel les élèves écoutent des histoires sur le thème des poissons, de la protection des océans puis découvrent le fonctionnement d’un bassin d’aquaponie, d’abord par le biais d’un diaporama qui leur est projeté et ensuite en allant découvrir le bassin de la médiathèque.

Une conférence sur les bienfaits de l’aquaponie a été organisée pour le public de la médiathèque, elle était animée par le directeur de la ferme urbaine de Colombes.

« Graines de culture », nom initial du projet déposé sur la plateforme participative, est devenu l’appellation générique des médiathèques pour toutes les actions liées à l’écologie. Pour appuyer cette volonté et rendre la démarche bien visible et claire pour les publics, l’illustratrice Ilya Green a été sollicité pour créer un logo spécifique, qui sera associé dès le mois de mars à toutes les manifestations et projets sur ce thème.

***

L’intégration d’un bassin d’aquaponie dans une bibliothèque telle que la médiathèque Jacques Prévert à Colombes est une méthode innovante de sensibilisation, offrant une opportunité unique d’éduquer le public aux principes de l’aquaponie et aux avantages environnementaux qu’elle présente. Il s’agit également d’un vecteur d’éducation et d’apprentissage, ce bassin servant de support pédagogique lors des accueils de classes, au cours desquels sont abordés des concepts environnementaux.

Enfin, outre la dimension esthétique qu’apporte la présence de ce bassin avec plantes et poissons, la dimension verte souhaitée par l’équipe de la médiathèque est nettement visible, dès l’entrée dans les locaux. L’observation des plantes et des poissons suscite l’intérêt des publics tout en les initiant aux questions de préservation de la nature, encourageant la prise de conscience aux enjeux environnementaux.

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