La Commission Bibliothèques Vertes de l’Association des Bibliothécaires de France vous propose aujourd’hui un billet, rédigé par Isabelle Bontemps, sur la technologie RFID (Radio Frequency IDentification) telle qu’utilisée dans les bibliothèques, et les questions que cette dernière peut poser en termes de recyclage notamment.
Le recours à des puces RFID en bibliothèque, sur des objets documentaires, permet de fluidifier le prêt, le retour et le suivi des collections (via des automates et/ou des étagères intelligentes) : il est désormais très répandu dans les bibliothèques de lecture publique comme les bibliothèques universitaires. Néanmoins, rares sont encore les bibliothèques qui ont intégré le recyclage des puces RFID collées dans les documents dans leur circuit d’équipement ou de retraitement. Compte-tenu des quantités utilisées, cela constitue pourtant un enjeu fort pour verdir notre activité !
Au menu de ce billet, vous trouverez des éléments sur l’impact environnemental et financier des puces RFID, mais aussi un outillage pour engager votre ou vos bibliothèque(s) dans des démarches de réemploi et de recyclage de ces matériaux.
Pourquoi ? L’impact environnemental et financier
Une puce RFID est composée d’une étiquette papier (tag), d’une puce de silicium (chip) ou d’un microprocesseur et d’une antenne (elle-même constituée de divers matériaux comme l’aluminium, le cuivre, de l’encre, du plastique…). Ces différents composants (en particulier les métaux) ont une empreinte carbone importante, comme le détaille un article Wikipedia consacré à l’empreinte environnementale de la RFID.
A l’impact environnemental s’ajoute l’aspect financier : une puce RFID coûte en moyenne entre 0.15€ et 1€ pièce. Cela peut donc représenter un réel intérêt budgétaire si on réussit à les réutiliser ! Par exemple, une médiathèque qui désherbe 2 000 documents par an peut économiser entre 150 et 1 000 €, en se basant sur la réutilisation d’une puce sur deux pour équiper les nouvelles acquisitions.
Comment ? Réemploi : quelques exemples inspirants
La majorité des puces RFID vendues auprès des bibliothèques sont des puces réutilisables, qui peuvent en principe être réencodées à l’infini.
- Pionnière en la matière, la médiathèque de la Canopée, lauréate du prix IFLA Green Library en 2022, a rédigé une procédure très simple à destination des bibliothécaires pour réutiliser les puces RFID, que nous partageons avec vous dans ce billet :
- A la BU Sciences de l’Université Lyon 1, une expérimentation a été menée fin 2023 sur 1 675 livres qui allaient être donnés à une association étudiante. L’idée était de faire un premier test sur une grande quantité de documents, d’une part pour évaluer le temps nécessaire et les difficultés éventuelles, et d’autre part pour trouver comment insérer le recyclage des puces dans l’équipement courant.
- La correspondante Développement Durable de la bibliothèque a rédigé un tutoriel pour accompagner les collègues qui se sont portés volontaires pour ce chantier :
- Il est vite apparu que certaines étiquettes étaient plus facilement récupérables que d’autres, en fonction de la façon dont elles avaient été collées sur les documents. Au total, environ 2 sur 5 n’ont pas pu être réutilisées car elles ont été endommagées en les décollant.
- En conclusion de cette expérimentation, il ressort que :
- Prévoir la réutilisation de la puce dès le circuit d’équipement initial rend l’opération plus efficace (gain de temps et moins de puces abîmées)
- Comme pour tout changement, il est important d’accompagner les personnels (y compris l’équipe de ménage, pour que les puces collectées ne finissent pas à la poubelle…).
Comment ? Recycler les matériaux non réutilisables
Quand la réutilisation n’est pas possible (puces à usage unique, puces dégradées, procédure de réutilisation trop lourde ou inefficace…), il reste important d’essayer de recycler ces matériaux :
- Les puces RFID relèvent de la filière des Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE ou D3E): correctement collectées, elles seront acheminées jusqu’à un centre de traitement adapté et leurs différents composants seront triés (métaux, plastiques) et éventuellement recyclés (réutilisation dans de nouveaux produits). Il est donc utile, quand c’est possible, de s’informer sur le circuit des D3E en place dans votre établissement (selon les établissements, il peut être inclus dans les marchés déchets, pris en charge par les déchetteries ou d’autres points de collecte…), ou à défaut d’identifier des points de collecte sur le site web https://www.service-public.fr, rubrique D3E.
- Retirer les étiquettes RFID au moment du désherbage est par ailleurs indispensable pour permettre le recyclage des ouvrages pilonnés en pâte au papier (sans quoi les documents seront simplement incinérés).
Alors convaincus ? Allez-vous expérimenter la réutilisation et le recyclage des puces RFID dans votre bibliothèque ? Vos commentaires ci-dessous ou par mail à bibliotheques.vertes[arobase]abf.fr sont les bienvenus.
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