La Commission Bibliothèques Vertes ABF vous propose de poursuivre la réflexion engagée dans le billet Quid de l’équipement des collections imprimées ?, à travers ce nouvel article, rédigé par Florence Rodriguez, sur les questions relatives aux choix de matériaux pour le traitement des collections imprimées.
Nous l’avions évoqué dans un précédent article, réduire ou modifier les traitements tout en essayant de garder les documents en meilleur état le plus longtemps possible, ce n’est pas une affaire simple. La plastification adhésive est la pratique immédiatement incriminée dans une démarche écologique, mais tous les matériaux utilisés pour la consolidation comme pour les réparations de documents sont à questionner, et il est possible de réduire son empreinte carbone à chaque étape d’un circuit commun d’intégration de nouveaux documents dans les collections en recourant à des matériaux facilement remplaçables par d’autres plus durables voire de récupération.
L’estampillage et les identifications au catalogue
Le tampon de propriété de l’établissement est généralement apposé dès réception du document. Connaissez-vous la composition de encres ? Il peut s’avérer utile vérifier avant de passer une prochaine commande, certaines sont moins durables que d’autres. De même, la disposition et le nombre des ces estampilles peuvent devenir un élément important pour la durée de vie du document et son éventuelle réorientation vers d’autres filières.
Le numéro de l’exemplaire est aussi rapidement attribué et matérialisé par une étiquette codes à barre. S’ils sont en papier, il peut être utile de les protéger d’un adhésif transparent mais s’ils sont déjà laminés, est-ce bien nécessaire ?
Le rondage et les étiquettes de valorisation
Cette étape d’édition et de pose de la cote sur les dos ou les plats des documents est souvent l’une des plus faciles à faire évoluer en termes de support sans pour autant modifier beaucoup nos pratiques. Il peut être envisagé de remplacer les rubans de titreuses de type Dymo© par des étiquettes en papier, en trouvant des solutions d’impression avec des feuilles de style au gabarit du plan de cotation.
C’est plus difficile avec des cotes de couleur, surtout avec un circuit qui implique l’édition de la cote document par document, sans possibilité d’impression par planche de papier ; mais cela peut être organisé pour les informations communes à plusieurs collections de type USUEL.
En ce qui concernent les étiquettes qui relèvent plutôt de la mise en valeur, de la sélection ou d’une valorisation ponctuelle dans le cadre d’une actualité ou d’une action culturelle – les coups de cœur, les sélections thématiques, les fonds un peu flottants, etc. – pensons à toutes ces heures passées à les décoller, parfois sans produit adapté (le décolle pansement, ça marche bien) et utilisons des adhésifs repositionnables uniquement. Pour les étiquettes qui sont régulièrement utilisées – « Prêt une semaine », etc.- les disposer sur un adhésif repositionnable qui sera lui-même posé puis décollé sur le document permettra en outre de récupérer lesdites étiquettes.
La consolidation des ouvrages
Les parties des ouvrages les plus fragiles et bien souvent les plus sollicitées sont : les coins, les coiffes et les charnières. Là encore, plutôt qu’un plastique adhésif à usage unique, on peut privilégier des alternatives telles que des protèges coiffes ou protèges coins, en toile, Tyvek ou polyester. Si, sur un dos carré collé, la charnière est apparente et fragile, un papier japon adhésif sera plus écologique sans créer de tension entre le corps d’ouvrage et la couverture.
De même, pour les périodiques, en remplacement de la bande de plastique adhésif collée dans le dos, il existe des protections adaptées, en papier, pour prévenir les dégradations de la couverture ou qu’elle se détache.
Pour la protection des couvertures, si elles sont en papier et que le besoin est de les imperméabiliser pour permettre de les nettoyer, plusieurs fournisseurs proposent des plastiques en matériaux plus durables ou facilement recyclables. Si le non adhésif rend le réemploi possible il n’est pas toujours à PH neutre ou filtré contre les UV. De plus en plus de marques lancent des gammes sans PVC ou bio.
On peut aussi imaginer des ateliers de fabrication de protèges livres en tissu ou autre matériaux récupérés pour que chaque lecteur utilise le sien.
Pour les petites réparations
Vous l’aurez compris, dans une démarche durable, fil et colle remplacent les adhésifs. En plus du petit matériel classique (ciseau, scalpel, tapis de coupe, bloc de ponçage et réglet), il faut s’équiper pour réparer des papiers d’un plioir en os et de pinceaux et de colles (de préférence végétales). Du fil de lin (n°30), permettra de recoudre la majorité des documents et une aiguille courbe de donner accès aux fonds des cahiers. Certains petits outils telles que des spatules ou des manches de scalpels peuvent être donnés par des professionnels, de santé notamment, qui s’en séparent vite (parlez-en à votre dentiste).
Beaucoup de papiers tels que le kraft pour les fabrications des soufflets, les cartons plats ou les macules peuvent être récupérés dans les stocks d’enveloppes, affiches, vieux calendriers par exemple.
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Cette sélection de matériaux est loin d’être exhaustive, nous vous invitons donc à poursuivre cette exploration dans vos bibliothèques en demandant des échantillons, faisant des tests de récupérations, échangeant vos astuces et, comme pour les collections, en mettant en place une veille, par établissement ou en réseau.
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