La Commission Bibliothèques Vertes de l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) vous propose aujourd’hui un billet pensé comme un état des lieux sur l’offre de formation existante, en France, sur les enjeux liés à la transition écologique. Le présent article, rédigé par deux membres de la commission Bibliothèques Vertes, Romain Féret et Maryon Le Nagard, et une collègue extérieure, Julie Lallemand, vous propose ainsi une analyse de formations dispensées ces trois dernières années sur cette thématique.
La transition écologique est au cœur des questionnements de nos métiers en bibliothèque depuis quelques années. Après une prise en main de la thématique en lien direct avec l’Agenda 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable (ODD), le Référentiel métier par compétence du ministère de la Culture, fin 2022, intègre le développement durable comme une compétence à part entière et émergente pour les professionnels des bibliothèques. Ceci affirmant que la transition écologique devient alors une thématique prioritaire de formation pour les années à venir. Cette même année, l’ABF crée la commission « Bibliothèques vertes » qui prend en charge sa mission notamment via la création du blog du même nom, ABF Bibliothèques Vertes, et de son agenda, Agenda – ABF Bibliothèques Vertes, permettant de centraliser les offres de formations de tous types à destination des professionnels de bibliothèque. L’agenda n’est pas exhaustif mais offre, grâce à la veille des membres de la commission, une vue d’ensemble des actions de montée en compétences sur la thématique (formations, webinaires, journées d’étude, rencontres, etc.) Cet article propose de faire une analyse de l’offre recensée dans l’agenda au cours des trois dernières années.
Sources et méthodes
Le présent article s’appuie sur une extraction de données de l’agenda du blog Bibliothèques vertes ABF Bibliothèques Vertes en date du 5 mars 2025.
Les données récupérées depuis l’agenda ont fait l’objet de plusieurs traitements :
- Suppression de lignes ne relevant pas de l’objet de l’étude, en particulier lorsqu’elles ne correspondaient pas à des évènements en particulier (ex. appel à candidatures, journée mondiale du nettoyage numérique) ou lorsqu’il s’agissait d’évènements qui n’étaient pas organisés en France ;
- Complétion afin d’harmoniser les informations disponibles, en s’appuyant sur les informations disponibles en ligne par ailleurs lorsqu’elles existaient ;
- Ajout de données supplémentaires afin de permettre l’analyse des actions de formation.
Suite à ces différentes opérations, l’analyse a pu porter sur 207 actions de formation qui ont eu lieu entre le 29 septembre 2022 et le 1er juillet 2025. Le choix a été fait de ne pas intégrer des actions au-delà de l’été 2025, dans la mesure où l’agenda était probablement incomplet à la date d’extraction, ce qui aurait pu fausser la représentativité des données étudiées. Ceci étant dit, il faut garder à l’esprit que les données de l’agenda sont remontées grâce à la veille des membres de la commission ou par les remontées directes des organisateurs, et qu’il n’est de toute façon pas absolument exhaustif.
Une fois les actions de formation identifiées, un ajout de données s’est fait à trois niveaux. Les organismes organisateurs ont été ajoutés, puis regroupés par type afin de faciliter l’identification des actions proposées par des réseaux ou acteurs nationaux, et une information a été ajoutée sur le type d’évènements : atelier, conférence, formation, journée d’étude, rencontre, table ronde, webinaire. Cette information s’appuyait soit sur les informations disponibles dans l’agenda, soit sur des informations trouvées en ligne.
D’autres informations ont été ajoutées de manière interprétative. Une distinction a été faite entre les formations à vocation généraliste, transversale ou thématique. Concernant ces dernières, les thématiques sont précisées dans la mesure du possible parmi l’une de ces valeurs : action culturelle, bâtiment, collection, formation de formateurs, numérique, pilotage, services aux publics, traitement documentaire et multithématiques. Parmi ces formations, un tiers n’ont pas été classées dans l’une de ces thématiques (32 sur 94).
Nous vous proposons à toutes fins utiles de consulter le fichier excel ainsi travaillé :
Analyse macro
Evolution du volume de formations
L’évolution du nombre d’actions par semestre montre un accroissement fort au cours de l’année 2024, avec un retour en 2025 au même niveau que celui de 2023. Il serait intéressant de suivre cette évolution sur une plus longue durée afin de voir si cette décrue se poursuit. A noter que très peu d’actions sont organisées en juillet et août ce qui a pour conséquence qu’indépendamment du sujet, moins de formations sont organisées aux seconds semestres qu’aux premiers.

Typologie d’acteurs
Parmi les actions de formation recensées dans l’agenda, on retrouve une grande diversité d’organisateurs.
Les acteurs de la formation continue (ABF, agences régionales du livre, CNFPT, CRFCB, ENSSIB, URFIST) proposent le plus grand nombre d’actions mais d’autres types d’acteurs sont également représentés que ce soit des bibliothèques ayant une mission de formation (bibliothèques départementales, BnF, BPI), d’autres associations professionnelles, ou des institutions publiques (ADEME).
Environ 10% des actions ont fait l’objet d’une collaboration (19 sur 207). Dans ce cas, les différents types d’acteurs ont été comptabilisés une fois dès lors qu’ils apparaissaient dans les collaborations. En combinant les actions organisées seuls et en collaboration, les CRFCB et les délégations régionales du CNFPT apparaissent comme les principaux organisateurs d’actions de formation, suivies par les agences régionales du livre, les bibliothèques départementales et l’Enssib.

Type d’actions
Assez logiquement, au vu de la forte représentation des organismes de formation parmi les organisateurs, une majorité d’actions sont des actions de formation, suivies par des journées d’étude et des webinaires. En raison des informations disponibles dans l’agenda, il est important de noter que la distinction entre les différents types d’actions n’est pas toujours évidente, notamment entre les formations et les webinaires. Il y a cependant un fort différentiel en termes de durée moyenne des actions proposées. Les formations et journées d’étude durent en moyenne près d’une journée et demi tandis que les webinaires durent moins d’une demi-journée (2 ou 1h).
Afin d’approfondir l’analyse, la suite de ce billet propose de faire un focus sur chacun des trois grands types de formation identifiées : les formations généralistes, les formations bibliothéconomiques thématiques et les formations transversales en lien avec l’écologie.

Analyse par focus
Focus sur les formations généralistes
Sur les 207 actions de formations recensées, plus d’un tiers ont été identifiées comme étant généralistes (77). Ce sont généralement des actions de niveau sensibilisation. La durée moyenne de ce type de formation est de deux jours (11,3h). Ces actions ont généralement lieu en ligne (64 sur 77).
Parmi les organisateurs, on retrouve les principaux acteurs identifiés dans la partie précédente mais dans des proportions différentes. Près de la moitié des actions du CNFPT (25 sur 51), des bibliothèques départementales (9 sur 19) et de l’ABF (4 sur 9) sont généralistes, alors qu’elles sont de l’ordre d’un tiers pour les CRFCB (22 sur 62), les agences régionales du livre (11 sur 30) et l’Enssib (4 sur 14).
Focus sur les formations bibliothéconomiques thématiques
Près de la moitié des formations, 94, ont été classées parmi les formations bibliothéconomiques thématiques.
Ces formations ont pour moitié été organisées en présentiel (47 sur 94) et pour moitié en visioconférence. Leur durée moyenne est légèrement supérieure à une journée (6,2h) mais avec une importante différence selon les modalités des formations : 3,5h en moyenne pour les formations en visioconférence et 8,8h pour celles en présentiel.
Parmi les organisateurs de ces formations, on note une prédominance des CRFCB (38 occurrences), suivis par les agences régionales du livre (14), l’Enssib (11), le CNFPT (10) et les bibliothèques départementales (8). La répartition de ces organismes de formation n’est pas homogène selon les thématiques.
Un tiers de ces formations (32) n’ont pas pu être rattachées à une thématique précise et une formation aborde plusieurs thématiques dans le cadre d’un cycle de formations ce qui ramène le nombre d’actions à 61. Le numérique est la thématique la plus souvent abordée, puis les autres sujets ont un nombre d’occurrences assez proches. Sur le numérique, les CRFCB sont particulièrement représentés (10 sur 17) tandis que l’Enssib l’est sur le pilotage (6 sur 8). Le reste des thématiques est couvert de manière plus homogène par les différents opérateurs.

Focus sur les formations transversales en lien avec l’écologie
Les formations transversales sont les moins nombreuses avec 36 actions recensées. Les thématiques abordées sont variées et portent par exemple sur les achats responsables et les clauses environnementales dans les marchés publics ou les financements éthiques. Ces formations durent en moyenne un peu plus d’une journée (7,2h) et se déroulent très souvent en présentiel (30 actions sur 36).
Les organisateurs de ce type d’action sont particulièrement variés mais le CNFPT propose près de la moitié des actions de ce type (16 sur 36), tandis que les autres acteurs sont présents de manière plus marginale (agences régionales du livre : 4 occurrences, CRFCB : 2, Canopé : 2, bibliothèques départementales : 1).
L’agenda Bibliothèques Vertes : fonction et pistes de travail
Notre analyse montre à quel point la thématique de la transition écologique s’est rapidement imposée comme un sujet important pour les bibliothèques et touchant à l’ensemble de leurs activités. Il est intéressant de souligner que l’ensemble des acteurs dont les missions touchent à la formation professionnelle se sont emparés du sujet, avec des positionnements variés, ce qui a conduit à un accroissement rapide et diversifié de l’offre de formations. L’agenda de la commission Bibliothèques vertes Agenda – ABF Bibliothèques Vertes permet de regrouper une information qui serait sinon dispersée sur les sites des différents acteurs proposant des formations.
Plusieurs pistes de travail peuvent se dessiner :
- En regard de l’analyse de l’offre, il serait intéressant de travailler sur une analyse des usages de cet agenda par les professionnels de bibliothèque, afin de s’assurer qu’il remplit au mieux sa fonction et de voir si des informations complémentaires pourraient y être ajoutées.
- Un axe de travail concernant cet agenda serait d’améliorer son exhaustivité. Actuellement la principale modalité d’alimentation de l’agenda est la veille par les membres de la commission, mais certains organismes de formation, comme les CRFCB, font remonter à échéance régulière l’ensemble des formations qu’ils proposent sur la thématique. Cela a le mérite de limiter le travail de la commission, d’harmoniser les données collectées et de s’assurer d’une meilleure exhaustivité. Il serait intéressant de réfléchir à la mise en place de ce type de recueil de données avec d’autres acteurs de la formation continue.
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