Les commissions Advocacy et Bibliothèques Vertes de l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) conduisent une campagne de plaidoyer sur les bibliothèques actrices de la transition écologique. Dans le cadre de cette démarche, nous avons recueilli de précieux témoignages sur le dynamisme des bibliothèques sur ces enjeux, et nous les partageons avec vous, à travers une série d’entretiens que nous avons eus avec des bibliothécaires engagés ayant répondu à notre enquête. Bonne lecture !
Aujourd’hui, Isabelle Bontemps, membre de la commission Bibliothèques Vertes ABF, donne la parole à Fabienne Rosier, responsable du département formation aux compétences informationnelles et coordinatrice du groupe Transition écologique au SCD de l’Université de Toulouse.
Un groupe Transition écologique au SCD
L’Université de Toulouse est spécialisée en Sciences, Santé, Sport, Technologie et Ingénierie. Elle accueille 36 000 étudiants. Le SCD compte 69 agents répartis dans plusieurs bibliothèques (BU Sciences, Santé, bibliothèques d’IUT et de recherche) sur les campus de Toulouse, Auch et Castres.
Plusieurs collègues étaient déjà très impliqués dans une démarche écologique sur le plan personnel. Ils apportaient cette approche dans leur travail, et il y avait déjà un certain nombre d’initiatives en faveur de l’écologie mais elles n’étaient pas coordonnées et pas toujours visibles. L’arrivée de la nouvelle direction en 2018 et la refonte de l’organigramme du SCD nous ont permis de proposer la création d’un groupe « Transition écologique ». La direction s’est montrée réceptive et nous avons pu lancer officiellement le travail avec un groupe de 10 collègues très motivés.

Nous avons un alias : scd.transition-eco@univ-tlse3.fr. Ce qui fonctionne bien, c’est que nous avons une organisation assez libre à l’intérieur du groupe : les grades ne comptent pas, nous discutons ensemble des projets et étudions toutes les suggestions. Cela permet plus de créativité et d’efficacité puisque dans le groupe chacun a ses spécialités. Bien sûr, nous faisons ensuite tout valider par la direction.
Un engagement fort pour la mobilité douce
Nous sommes très actifs sur la promotion des mobilités douces, avec l’appui décisif du groupe « mobilités douces » de l’Université. Nous participons deux fois par an à l’opération AYAV (acronyme pour : Allons-y à vélo) pour créer de nouvelles habitudes de déplacement. Il s’agit d’inciter les collègues à délaisser la voiture pour le vélo ou la marche pendant 2 semaines ciblées, deux fois par an. Après sa participation à AYAV, une de nos collègues qui prenait sa voiture chaque jour ne vient plus qu’à pied (elle a pu se rendre compte que c’était faisable) et plusieurs autres collègues viennent bien plus souvent à vélo.

Nous accueillons aussi des ateliers de réparation de vélo devant la BU Sciences. Et pour la sécurité, nous tenons des stands chaque année pour l’opération « Cyclistes brillez ! ».
Un gros travail de sensibilisation
Nous travaillons aussi dans d’autres directions : équipement réduit des ouvrages, tri sélectif et apport volontaire, forum des associations étudiantes pour l’écologie, collecte de mégots via une opération de mégothon, le festival des campus en transition à Toulouse Futurs proches… Toutes nos actions de sensibilisation (fresque de la biodiversité, arpentage, sélections d’ouvrages, atelier de tri des données…) sont sur https://bibliotheques.univ-tlse3.fr/transition-ecologique.
Nous veillons à nous appuyer au maximum sur le réseau local, qui est très riche. Nous cherchons toujours à associer à nos actions d’autres services de l’Université ou des associations étudiantes. Pour le Mégothon par exemple (action de sensibilisation à la pollution par les mégots), nous avons travaillé avec le SIMPPS (service interuniversitaire de médecine préventive et de promotion de la sante) et avec Toulouse Métropole.
La patience est un point important. Parfois on se sent démotivé : on a l’impression que ça n’avance pas, que ce qu’on fait est minuscule par rapport aux enjeux, que tout est compliqué. Mais ce n’est pas grave. Notre but c’est que la dimension écologique ne soit pas « à côté » mais qu’elle soit prise en compte systématiquement dans tous les services du SCD. Si une de nos initiatives n’aboutit pas tout de suite, cela aura quand même servi à préparer l’avenir. Ainsi, nous avons travaillé sans succès sur l’apport volontaire pour le tri des déchets à la BU Santé pendant plusieurs années, mais c’était vraiment compliqué à mettre en place. Cette année, l’Université a recruté un service civique pour se pencher sur cette question, et grâce à tout le travail préparatoire effectué, la BU Santé a été retenue comme site pilote pour le déploiement de points d’apport volontaire dans le bâtiment, en remplacement des corbeilles !
Pour conclure, je voudrais citer le groupe ATECOPOL (ATelier d’ECOlogie POLitique), que je trouve très inspirant. Il réunit des scientifiques de diverses spécialités appartenant à une soixantaine de labos de recherche toulousains pour réfléchir aux bouleversements écologiques. Leurs travaux sont disponibles en ligne. Notre groupe a pu les solliciter pour une intervention de 3h à destination de l’ensemble du personnel du SCD. Cela nous a permis de réfléchir ensemble, en profondeur, avec des scientifiques de haut niveau, aux questions écologiques. Un souvenir marquant. Bonne nouvelle : il y a maintenant des ATECOPOL dans d’autres villes françaises !


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